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la plus belle histoire du monde

successives, avaient été, cette fois-ci, négligentes, et le regard de Charlie plongeait, bien qu’il ne s’en rendît pas compte, là où nul homme n’avait eu la fortune de voir en pleine connaissance de cause depuis le commencement des temps. Chose merveilleuse, il ignorait absolument quelle somme de savoir il m’avait vendue pour cinq livres sterling ; et il conserverait cette ignorance, car les commis de banque n’entendent rien à la métempsycose, et une saine éducation commerciale ne comprend pas le grec. Il me pourvoirait — là-dessus je me mis à danser parmi les dieux muets d’Égypte, et je riais à leurs faces meurtries — de matériaux qui feraient de mon histoire une certitude — à tel point éclatante que le monde l’accueillerait comme le plus impudent des arlequins. Et moi — moi seul en connaîtrais la littérale et scrupuleuse vérité. Moi — moi seul je tenais ce joyau. Nulle autre main ne le tiendrait à la taille ou au polissoir ! Aussi je me remis à danser parmi les dieux de la cour égyptienne, tant