Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.
283
la porte des cent mille peines

dait. J’avais mes entrées à la Porte à tout instant du jour et de la nuit, et je pouvais y fumer et dormir quand je voulais. Le reste ne m’importait guère. Je sais bien que le vieux y gagnait ; mais qu’est-ce que cela fait ? Rien ne me fait beaucoup ; et, en outre, l’argent arrivait toujours et sans interruption chaque mois après l’autre.

Nous étions dix à nous rencontrer à la Porte lorsqu’on ouvrit la Fumerie. Moi, deux Babous[1] d’un bureau de l’État quelque part dans Anarkulli[2], mais ils se firent saquer et ne pouvaient plus payer (il n’est pas d’homme, obligé de travailler le jour, qui puisse continuer longtemps la Fumée Noire) ; un Chinois, neveu de Fung-Tching ; une femme du bazar qui avait des tas d’argent je ne sais trop comment ; un vagabond anglais : Mac quelque chose, je crois, mais j’ai oublié, — qui fumait ferme, mais n’avait jamais l’air de rien payer (on disait qu’il avait sauvé la

  1. Scribes.
  2. Faubourg de Lahore.