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contes choisis

partenais à cette sorte au commencement. Mais voilà cinq années que je ne fume pas mal régulièrement, et c’est tout différent aujourd’hui. J’avais une vieille tante, là-bas, du côté d’Agra, qui me laissa quelque chose à sa mort. À peu près soixante roupies par mois. Soixante, ce n’est pas beaucoup. Je me rappelle un temps, il me semble qu’il y a des centaines et des centaines d’années, où je gagnais mes trois cents roupies par mois, sans compter les petits profits, quand je travaillais pour le compte d’une grande entreprise de bois à Calcutta.

Je ne restai pas longtemps dans ce métier-là. La Fumée Noire ne permet guère d’autre besogne ; et, bien qu’elle ait peu d’action sur moi, je ne pourrais plus aujourd’hui, du train dont vont les choses, faire une journée de travail pour sauver ma vie. Après tout, soixante roupies, c’est tout ce qu’il me faut. Quand le vieux Fung-Tching vivait, il touchait l’argent pour moi, m’en donnait environ la moitié pour vivre (je mange très peu) ; quant au reste, il le gar-