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la porte des cent mille peines

Remarquez-le, c’était une fumerie pukka[1], respectable, non pas un chandoo khana, un de ces fours étouffants, comme on en trouve partout dans la ville. Non ; le vieux connaissait son affaire à fond, et il était très propre pour un Chinois. C’était un petit bonhomme, pas beaucoup plus de cinq pieds de haut, borgne et qui avait perdu le doigt du milieu à chaque main. Et cependant l’homme le plus adroit à rouler des pilules que j’aie jamais vu. Avec ça, jamais l’air d’être touché non plus par la fumée, et ce qu’il en prenait pourtant jour et nuit, nuit et jour, c’était à faire peur. Je m’y suis mis depuis cinq ans, et je peux tenir tête pour cela à n’importe qui ; mais j’étais un enfant, sous ce rapport, auprès de Fung-Tching. Malgré cela, le vieux se montrait âpre au gain, très âpre ; et c’est une chose que je ne peux pas comprendre. J’ai entendu dire qu’il avait amassé pas mal avant de mourir, mais c’est son neveu qui a tout cela maintenant, et

  1. De la bonne sorte.