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l’homme qui voulut être roi

Il se tourne vers Peachey — Peachey qui pleurait comme un gosse :

— C’est moi qui t’ai conduit là, Peachey, qu’il dit. Arraché à ta bonne vie pour te faire tuer en Kafiristan où tu étais, il n’y a pas longtemps, général en chef des forces de l’empereur. Dis-moi que tu me pardonnes, Peachey ?

— Sûr que je te pardonne, et de tout cœur, Dan.

— Ta main, Peachey, dit-il. J’y vais maintenant.

Et le voilà qui s’avance, sans regarder à droite ni à gauche, et une fois arrivé en plein au milieu de ces sales cordes qui dansent de vertige : « Coupez, chiens ! » qu’il crie, et ils coupent, et mon vieux Dan tomba, en tournant sur lui-même, pendant vingt mille lieues, car il mit une demi-heure à tomber avant de toucher l’eau, et je voyais son corps aplati sur une pierre et la couronne d’or à côté.

Mais savez-vous ce qu’ils firent à Peachey entre deux troncs de pins ? Ils le crucifièrent,