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contes choisis

des miracles ! Dravot parlait beaucoup de poudreries et d’arsenaux, tout en marchant de long en large dans le bois de pins, aux approches de l’hiver.

— Ce n’est pas une nation que je veux faire, disait-il, c’est un empire. Ces hommes-là ne sont pas des noirs, mais des Anglais ! Regarde leurs yeux, leurs bouches. Vois la manière dont ils se tiennent debout. Ils se servent de chaises dans leurs maisons. Ce sont les Tribus Perdues[1] ou quelque chose de la sorte, et ils sont devenus Anglais. Je ferai un recensement au printemps, si les prêtres ne prennent pas peur. Il doit y avoir deux bons millions d’habitants dans ces montagnes. Les villages sont pleins de petits enfants. Deux millions — deux cent cinquante mille combattants — et tous Anglais ! Ils n’ont besoin que de fusils et d’un peu d’exercice. Deux cent cinquante mille hommes, tout prêts à entamer les Russes de flanc le jour où ils s’en prendront à l’Inde ! Peachey, mon vieux,

  1. D’Israël.