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contes choisis

l’exercice aux hommes ; et alors arrive un grand chef du tonnerre de Dieu, à travers la neige, avec des tambours et des cornes qui faisaient du train, rapport qu’il avait entendu parler d’un nouveau dieu qui se baladait par là. Carnehan vise dans le tas à un demi-mille à travers la neige et en dégringole un. Alors il envoie dire au chef que, s’il ne veut pas se faire tuer, il faut qu’il vienne me donner une poignée de main et laisse les armes derrière. Le chef arrive le premier, tout seul. Carnehan lui serre la main et fait le moulinet avec ses bras, comme Dravot, et le chef n’était pas à moitié étonné et me tâtait les sourcils. Puis Carnehan marche tout seul au chef et lui demande par signes s’il a un ennemi qu’il haït. « J’en ai un, » dit le chef. En entendant ça, Carnehan lui rafle le dessus du panier de ses hommes et leur fait montrer la manœuvre par les deux de l’armée, et, au bout de deux semaines, les hommes se débrouillent à peu près comme des volunteers. Alors il marche avec le chef vers un grand coquin de plateau