Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
l’homme qui voulut être roi

soient sur les caisses et se mettent à les poivrer, à toutes distances, du haut en bas de la vallée. Après, nous nous dirigeons vers les dix hommes qui avaient traversé aussi la neige en courant et ils nous décochent une coquine de petite flèche. Dravot tire en l’air et ils tombent tous à plat ventre. Alors il marche dessus en leur donnant du talon de botte, et, après, les relève et distribue des poignées de main à la ronde pour s’en faire des amis. Il les appelle et leur donne les caisses à porter avec de grands gestes, tout comme s’il était roi déjà. Ils le mènent avec ses caisses de l’autre côté de la vallée, en haut d’une colline avec un bois de pins au sommet, où il y avait une demi-douzaine de grandes idoles de pierre. Dravot marche à la plus grande — un gars qu’ils appellent Imbra — pose un fusil et une cartouche à ses pieds, lui frotte le nez respectueusement contre le sien, lui passe la main sur la tête et lui fait des salamalecs. Il se retourne vers les hommes, secoue la tête et dit « Ça va bien. J’en suis aussi, et tous ces