Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
l’homme qui voulut être roi

— Il est allé Sud pour la semaine ? Ça ressemble bien à son impudence. A-t-il dit que je vous donnerais quelque chose ? Parce que je n’en ferai rien.

— Il n’a rien dit, répondis-je en sautant du marchepied.

Les fanaux rouges s’enfonçaient dans la nuit. Il faisait un froid horrible, car le vent soufflait de la région des sables. Je grimpai dans mon propre train — pas en intermédiaire cette fois — et m’endormis.

Si l’homme barbu m’avait donné une roupie, je l’aurais gardée en souvenir d’une affaire assez curieuse. Mais la conscience du devoir accompli fut ma seule récompense.

Plus tard je réfléchis que deux compères de l’espèce de mes amis ne feraient rien de bon à jouer les faux journalistes, et pourraient s’attirer des difficultés sérieuses au cas où ils voudraient appâter un de ces petits pièges à rats d’États indigènes de l’Inde centrale ou du Rajpoutana. Je pris en conséquence la peine de donner leur