Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
amour-des-femmes

temps. J’ai entendu cet homme-là causer à sa plaque de ceinturon, à ses montures de fusils, tout en les astiquant, rien que pour s’empêcher de penser ; et, chaque fois qu’il se levait après être resté assis, ou qu’il se remettait en marche, il partait avec cette ruade en manière d’embardée dont je vous ai parlé — ses jambes qui semblaient fiche le camp de tous côtés à la fois. Il ne voulait jamais voir le major, quoi que je lui dise. Il me jurait après du haut en bas en remerciement de mes conseils. Mais je savais qu’il n’était pas plus responsable de ce qu’il disait que le gosse du commandement de sa compagnie, et je laissais marcher sa langue, histoire de se soulager.

Un jour — c’était au retour — je me promenais par le camp avec lui, quand il s’arrête et frappe le sol du pied trois ou quatre fois d’un air de doute. Je dis : « Qu’est-ce que c’est ? » « C’est-il de la terre ? » qu’il dit. Je me demandais si sa tête s’en allait, quand voilà le major qui s’amène — il revenait d’anatomiser un