Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
contes choisis

j’aperçus Amour-des-femmes sans ceinturon ni casque, assis sur un rocher. Il héla deux ou trois fois, et je l’entendis qui disait : « Il y a longtemps qu’ils devraient avoir la hausse. Ils viseront peut-être au feu. » Puis, il tira de nouveau, ce qui amena une nouvelle salve ; et une flopée de ces longs lingots qu’ils mâchent entre leurs dents arrivèrent en sautant parmi les rochers, comme des crapauds dans la nuit chaude. « Voilà qui est mieux », dit Amour-des-femmes. « Seigneur ! comme c’est long, comme c’est long ! » qu’il disait.

Et, là-dessus, il flambe une allumette et la lève au-dessus de sa tête.

Je pensais : « Il est fou, fou à lier. » Je fais un pas en avant, et la première chose qui m’arrive, c’est la semelle de mon soulier qui se met à claquer comme un guidon de cavalerie et le petit juif de mes doigts de pied qui me pince tout à coup. C’était un drôle de coup de fusil, bien envoyé — un lingot — qui n’avait éraflé ni chaussette ni peau, mais qui me laissait là,