Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
contes choisis

ans à peu près. Vous ne ferez rien, parce que vous ne pourrez pas.

Cette conversation se tenait en pleine mer, où tout semble possible, à quelques centaines de milles de Southampton. Nous passâmes les feux des Aiguilles à l’aurore, et le jour levant montra les villas de stuc sur leurs pelouses, l’implacable bon ordre de l’Angleterre — ligne sur ligne, mur sur mur, dock de pierre solide et môle de béton. Nous attendîmes une heure sous le hangar de la Douane, et il y eut amplement le temps de laisser le charme agir.

— Maintenant, Keller, face à la musique ! Le Havel part aujourd’hui. Il emporte le courrier et je vais vous conduire au télégraphe, dis-je.

J’entendis un soupir oppressé sortir de la bouche de Keller. L’influence de la terre l’enserrait de nouveau et l’affalait comme la plaine de Newmarket affale, dit-on, un poulain non habitué aux hippodromes en terrain découvert.

— Je veux retoucher ma machine. Nous