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lible de faire friser l’attaque de nerfs au plus grand sans exception de tous les vice-rois et de lui inspirer un entêtement éperdu aussi tenace que celui d’un enfant.

— Le principe est assez raisonnable, dit le personnage aux yeux langoureux, chef des Provinces Rouges dans lesquelles est situé Kot-Kumharsen, car lui aussi soutenait des théories. La seule difficulté réside…

— Serrez la vis aux fonctionnaires du district, colloquez un très solide commissaire-délégué de chaque côté de Dé ; donnez-lui le meilleur adjoint de la province ; imprimez d’avance la crainte de Dieu au peuple ; et si quelque chose va de travers, dites que ses collègues ne l’ont pas soutenu. Toutes ces charmantes petites expériences retombent en fin de compte sur l’officier du district, dit le Chevalier du Glaive-au-Clair avec une véridique brutalité qui fit frissonner le chef des Provinces Rouges.

Ce fut sur une entente tacite de ce genre que le transfert s’accomplit, et pour beaucoup de raisons avec aussi peu de bruit que possible.

Chose triste à dire, ce qui dans l’Inde représente l’opinion publique ne voyait pas en général la sagesse de la nomination voulue par le vice-roi. Il ne manqua pas en effet d’organes soudoyés, notoirement à la solde d’une tyrannique bureaucratie, pour faire plus qu’insinuer que Son Excellence était un niais, un rêveur, un doctrinaire, et pis encore qu’il se jouait de la vie des hommes. « La Gazette de Son Excellence le Vice-Roi », publiée à Calcutta, s’é-