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qu’on ferait du service actif, et les hommes devaient se tenir prêts.

Le soir du même jour, Mulcahy, caporal sans prestige — mais grand dans la conspiration — revint à la garnison, et il entendit de loin des bruits d’effervescence et des hurlements. La mutinerie avait donc éclaté et les blanches casernes des Mavericks étaient un pandémonium. Un soldat qui traversait au galop la cour des casernes lui glissa, haletant :

— Service ! Service actif ! C’est une honte infâme !

Oh joie ! Les Mavericks s’étaient soulevés à la veille du combat ! Ces nobles et loyaux fils de l’Irlande ne serviraient pas plus longtemps la Reine. La nouvelle en volerait à travers le pays et jusqu’en Angleterre, et c’était lui, Mulcahy, le fidèle séide des Trois Premiers, qui avait provoqué le cataclysme. Le soldat s’arrêta au milieu de la cour et se mit à maudire par tous ses dieux, le colonel, le régiment, les officiers et le médecin major, en particulier le médecin major. Un planton du régiment de cavalerie indigène arriva au galop à travers la cohue des soldats. Il fut mi-soulevé, mi-tiré à bas de son cheval, reçut dans le dos des claques véhémentes au point que les larmes lui en vinrent aux yeux, et on lui prodigua tous les noms les plus tendres. Pas de doute, les Mavericks avaient fraternisé avec les troupes indigènes. Qui donc était l’agent qui avait si bien travaillé en secret parmi ces derniers avec Mulcahy ?

Un officier courant presque sortit du mess et se