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de cheval. Mais Mulcahy parle de tirer comme par hasard sur les officiers de compagnie.

— Il a dit ça, vrai ? fit Horse Egan.

— Quelque chose comme ça, en tout cas. Pouvez-vous imaginer ce vieux Barber Brady avec une balle dans les poumons, toussant comme un singe malade, et disant : « Les gars, cela m’est égal que vous vous saouliez, mais vous devriez au moins supporter votre boisson comme des braves. L’homme qui a tiré sur moi est saoul. Je suspendrai les recherches pendant six heures, le temps de me faire extraire la balle, et alors… »

« — Et alors, continua Horse Egan (car les énergiques particularités de parole et d’allure du commandant étaient aussi familiers que sa figure basanée), « et alors, tas de paillards et de mal léchés, tas de têtes d’idiots de racaille de Connemara, si je vois quelqu’un qui a le moins du monde l’air ému, parbleu, je ferai passer toute la compagnie en conseil de guerre. Un homme qui n’est pas capable de cuver sa boisson en six heures n’est pas digne d’appartenir aux Mavericks ! »

Un éclat de rire témoigna de la véracité de l’imitation.

— C’est joli à imaginer, dit lentement l’homme du Kerry. Mulcahy voudrait nous faire ce sale coup à tous, et lui-même se défilerait, en quelque sorte. Il ne prendrait pas toute cette peine stupide de gâter la réputation du régiment…

— La réputation du cochon de ta grand’mère ! lança Dan.