tranquilles. Et c’était cette vague et fâcheuse méfiance que les I. A. A. s’efforçaient de provoquer.
— Pur gaspillage de souffle, reprit le deuxième conspirateur après un silence. Je ne vois pas à quoi ça sert de saboter leur bête d’armée, cependant on l’a essayé déjà et il nous faut l’essayer encore. Cela fait bien dans les rapports. Si vous envoyez un homme d’ici vous pouvez mettre votre tête à couper que d’autres iront aussi. Désignez Mulcahy.
On le désigna. C’était un mince et frêle jeune homme à cheveux noirs, dévoré de cette aveugle haine rancunière de l’Angleterre qui n’atteint tout son développement que de l’autre côté de l’Atlantique. Il l’avait sucée avec le lait de sa mère dans la petite cabane de derrière les avenues nord de New-York ; il avait appris ses droits et griefs, en allemand et en irlandais, sur les quais du canal de Chicago ; et il y avait à San Francisco des hommes qui lui racontaient d’étranges et terribles choses sur la grande puissance aveugle d’outremer. Une fois, où il avait affaire par delà l’Atlantique, il avait pris du service dans un régiment anglais, et comme il était insubordonné, il avait souffert énormément. Toutes ses idées de l’Angleterre que ne lui avaient pas fournies les livraisons patriotiques à bon marché, il les tenait d’un colonel au poing de fer et d’un adjudant inflexible. Il serait allé dans les mines au besoin pour se faire enseigner son évangile. Et il s’en alla comme ses instructions le lui prescrivaient, p. d. q. — ce qui veut dire « en vitesse » — pour provoquer des difficultés dans un régiment irlandais