Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et il se tournait vers l’assistance, tout suant de fierté, pour chanter les solos de ténor. Mais il était surtout beau dans les chœurs, où il dodelinait la tête, agitait ses bras autour de lui comme des ailes de moulin à vent, et chantait à en tomber d’apoplexie. Un fameux chanteur, ce Jesse.

« Vous le voyez, je ne comptais pas beaucoup pour eux tous, excepté pour Liza Roantrée, et j’avais beaucoup de temps à rester à me taire aux offices et aux répétitions d’oratorio à écouter leurs propos, et si je les trouvai singuliers au début, je les trouvai encore bien plus singuliers après, une fois familiarisé avec eux et capable d’examiner ce qu’ils signifiaient.

« Juste après l’exécution des oratorios, Liza, qui avait toujours été un peu faible, tomba très malade. Je promenais de long en large des quantités de fois le cheval du docteur Warbottom pendant que celui-ci était dans la maison, où on ne me laissait pas entrer, bien que j’en eusse réellement mal de ne pas la voir.

« — Elle ira mieux bientôt, mon gars… oui, bientôt, répétait le docteur. Il faut de la patience. » Puis on me disait que si j’étais sage on me laisserait entrer. Mais le révérend Amos Barraclough était sans cesse auprès d’elle à lui faire la lecture, qu’elle écoutait installée dans ses oreillers. Puis elle commença d’aller un peu mieux et on me permit de la transporter sur le sofa, et quand il fit chaud de nouveau elle allait et venait comme auparavant. Le prédicateur et moi, ainsi que Blast, nous étions