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« Et il continua ainsi, et m’appela de tous les noms qu’il pouvait imaginer, mais il remit mon bras, avec l’aide de Jesse, aussi habilement qu’il pouvait.

« — Il vous faut laisser ce gros fainéant rester ici un peu, Jesse, qu’il dit, après m’avoir bandé et administré une dose de médicament, et vous le soignerez avec Liza, bien qu’il ne vaille guère le dérangement. Et cela va te faire perdre ton emploi, qu’il dit, et tu vas être à la charge du Club des Malades pour une paire de mois et plus. Tu ne crois pas que tu es un sot ?

— Mais quand est-ce qu’un jeune homme, debout ou couché, a jamais été autre chose qu’un sot, je voudrais bien le savoir ? dit Mulvaney. La sottise est le seul chemin sûr qui mène à la sagesse, je le sais par expérience.

— La sagesse ! ricana Ortheris, relevant le menton pour examiner ses camarades. Vous êtes de fichus Salomons, vous deux, pas vrai ?

Learoyd continua calmement, avec l’œil impassible d’un bœuf qui rumine.

— Et voilà comment j’en vins à connaître Liza Roantrée. Il y a de ces airs qu’elle aimait de chanter… car elle chantait sans cesse… qui me remettent la montagne de Greenhow devant les yeux aussi nettement que ce contrefort là-bas. Et elle voulait m’apprendre à chanter la basse, et que je les accompagne à la chapelle où elle menait le chant avec Jesse, le vieux Jesse, qui jouait du violon. C’était un singulier bonhomme, le vieux Jesse, tout à fait