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tion, seuls le savent quelques centaines de coolies, et leur récit, assez confus, est le suivant :

— Nous étions au travail. Trois hommes en habits rouges arrivèrent. Ils virent le Sahib… Dearsley Sahib. Ils firent palabre, et particulièrement le plus petit des habits-rouges, Dearsley Sahib aussi fit palabre, et usa beaucoup de gros mots. Après ces discours ils s’en allèrent ensemble en terrain découvert, et là le gros homme en habit rouge se battit contre Dearsley Sahib. Ceux d’entre nous qui n’eurent pas peur virent Ces choses durant tout juste le temps qu’il faut à un homme pour cuire son repas de midi, Le petit homme en habit rouge s’était emparé de la montre de Dearsley Sahib. Non, il ne l’avait pas volée. Il la tenait dans sa main, et à certains moments lançait un appel, et les deux cessaient leur combat, qui était pareil au combat du printemps des jeunes taureaux. Les deux hommes furent bientôt tout rouges, mais Dearsley Sahib était beaucoup plus rouge que l’autre. Voyant cela et craignant pour sa vie… parce que nous l’aimions beaucoup… une cinquantaine d’entre nous se hâtèrent de courir sus aux habits-rouges. Mais l’un d’eux… très noir de cheveux, et qu’il ne faut pas confondre avec le petit, ni avec le gros qui se battait… cet homme, nous l’affirmons, courut sur nous, et de nous il en embrassa de dix à cinquante dans ses deux bras, et leur cogna les têtes l’une contre l’autre, si bien que notre foie se changea en eau, et que nous nous enfuîmes. Il n’est pas bon de se mêler des combats entre hommes blancs. Après quoi Dearsley Sahib