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vais éloigner de vous la tentation que représente cette chaise à porteurs. — Pour cela, qu’il dit, il vous faudra vous battre avec moi, car je sais bien que vous n’oserez jamais vous plaindre à personne. — Et je me battrai, que je dis, mais pas aujourd’hui, car je suis affaibli par le manque de nourriture. — Vous êtes un vieux bonhomme qui ne manquez pas d’audace, qu’il dit en prenant ma mesure du haut en bas, et nous aurons une jolie bataille. Mangez donc et buvez, et faites à votre guise. » Là-dessus il me donna de la briffe et du whisky… du bon whisky… pendant que nous parlions de ci et ça. « À présent, que je dis en m’essuyant la bouche, c’est dur pour moi de confisquer cet objet mobilier, mais la justice est la justice. — Vous ne le tenez pas encore, qu’il dit, entre vous et lui il y a le combat. — Bien sûr, que je dis, et un bon combat. Pour le dîner que vous venez de m’offrir vous aurez la fleur de la meilleure qualité de mon régiment. » Alors je suis venu dare-dare vous trouver vous deux. Tenez votre langue, l’un et l’autre. Voici ce qui va se passer. Demain nous irons là-bas tous les trois, et il aura le choix entre moi et Jock. Jock est un lutteur qui trompe, car il a l’air d’être plein de graisse, et il a les mouvements lents. Moi, au contraire, à me voir je suis tout muscle, et j’ai les mouvements vifs. À mon compte le Dearsley ne me choisira pas ; ce sera donc moi et Ortheris qui veillerons au combat loyal. Jock, je t’assure, ce sera un fameux combat… à la crème fouettée par-dessus la confiture. Après l’affaire ce ne sera pas trop de