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L'AME DES SAISONS


Vous avez disposé ces choses, je le sais,
O mon Dieu ! et j’avoue et conviens sans cautèle
Qu’il est bon que mon cœur se traîne, privé d’Elle,
Et rôde dans l’avril comme un oiseau blessé.

Vous avez ordonné tout ceci, je le sais,
Ce fabuleux espoir de doutes oppressé,
Et cet amour en pleurs parmi les fleurs, et cette
Enervante langueur dans la brise inquiète...
 
Oui, Seigneur, il fallait que je fusse meurtri ;
Il était juste et bon, utile et nécessaire,
Qu’une Enfant au regard plus doux que la lumière
Fît sangloter mon cœur vers un Bonheur sans prix.
 
Car l’hiver léthargique avait glacé mon âme ;
Un édredon mortel la couvrait peu à peu ;
Pour la faire revivre, il fallait, ô mon Dieu,
Le doux rayonnement d’un sourire de femme.

Maintenant, réveillé de mon somme en sursaut,
Je sens un feu divin brûler dans ma poitrine,
Et, malgré que mon cœur soit couronné d’épines,
Je comprends la noblesse et la beauté qu’il faut.