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L'AZUR ET LES LILAS


Mais la sagesse est comme un frais gazon dans l’âme,
Comme un gazon de calme et de sérénité,
D’où naissent, quand une heure grave les réclame,
Des crocus d’or et des tulipes de clarté,
Si bien que tout penser et tout geste s’ordonnent
Selon la joie intérieure qui rayonne...

O Dame, donnez-moi cette sagesse-là !
Hélas ! lorsqu’en ce mois parfumé qui vous aime,
La voix des rossignols tremble dans les lilas,
J’imagine parfois qu’elle chante en moi-même
Et crois que dans mon âme enfin j’ai découvert
Les fleurs de bon conseil et le frais gazon vert.
 
Et c’est la joie un peu, certes ; mais la sagesse,
Ce ne l’est pas !... Oh non ! Et même c’est alors
Que je fais les faux pas avec moins de remords,
En sorte que, bientôt, je pleure de détresse
Et qu’il me faut, hélas ! les plus rudes efforts
Pour sortir du fourré de ronce où je me tords.