Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
L'AME DES SAISON


Je sens des mots d’amour et des cris de tendresse,
Comme si le printemps, tel qu’il était jadis,
Vert tendre, blanc de neige et bleu de paradis,
Tout le printemps, vêtu de rosée et de feuilles,
Avec ses rossignols, avec ses chèvrefeuilles,
Avec ses hannetons qui pendent lourdement
Aux lilas bleus, mouillés de roses diamants,
Avec le frais cristal, avec les folles perles
Qui s’égouttent du bec des cailles et des merles,
Tout le divin printemps que j’avais oublié
Se dressait devant moi au détour du sentier !...
J’aime ! Mon cœur est plein d’ailes et de corolles !
Je vais dire à présent de divines paroles !
Oh ! j’aime ! — Qui ? — Qu’en sais-je et qu’importe après tout !
J’aime de tout mon sang frénétique qui bout
Et de tous les sanglots de ma poitrine, Celle

Qui va venir en souriant sous son ombrelle...


PRIÈRE


Mon Dieu, vous voyez bien que je ne puis tenir
A la sorcellerie intime de la sève
Et que mon faible cœur va de nouveau fleurir
Comme un rouge glaïeul en un jardin de rêve...