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L'AME DES SAISONS

Allongent leurs canaux et décrivent leurs arcs
A travers le pays ondulé comme un parc.
Parfois, au fil de l’onde étincelante, traîne
Le panache d’un saule ou la frange d’un frêne.
Parfois, on voit trembler un bouquet de bouleaux
Dont les troncs maculés se reflètent dans l’eau
Et dont les cimes se rassemblent et se penchent
Avec un clapotis lointain de feuilles blanches.
Plus loin, sur la fraîcheur du gazon smaragdin,
Se détache, couleur d’encre glauque, le pin
Ténébreux, dont le dôme en texture d’aiguilles
Brunit le sol d’une moquette de brindilles,
Ou le sapin, dont le triangle, à ras du sol,
S’étage en ailes d’aigle ouvertes pour le vol.
Peu de fleurs. Mais toujours et à perte de vue,
Une pelouse unie et rase d’herbe drue,
Avec, parfois, le long des eaux d’un blanc de lis,
Les sabres et les flammes pâles des iris,
Une racine d’arbre étrangement creusée
Et de mousse gluante et glauque tapissée,
Et, çà et là, parmi le gazon, un caïeu
De perce-neige blanche ou de colchique bleu.

O vers les eaux, mon cœur, vers les eaux liliales
Qui coulent dans la paix des plaines boréales !