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L'AME DES SAISONS

Relie en les courbant les têtes des palmiers
Et forme des arceaux arborescents, où pendent
Des figues et des noix de coco, des guirlandes
Sauvages de raisins, de feuilles et de fleurs...
Moustiques et frelons vibrent avec fureur.
Dans l’eau tiède, parmi de larges feuilles plates,
Des tulipes de neige et des lis écarlates
Eclatent... On entend continûment les cris
Des perroquets, des bengalis, des colibris.
Les arbres monstrueux et tortueux transpirent
Des caoutchoucs gluants, des gommes et des myrrhes,
Parfois, sous quelque étrange plante en parasol,
Un tamanoir au groin pointu fouille le sol,
Ou quelque porc-épic ou quelque iguane mâche
Des patates, du manioc ou des pistaches.
Dans le profond miroir de l’eau glauque on dirait
Que vit, plus fantastique encore, la forêt.
Et telle est la chaleur étouffante qui pèse
Qu’on voit des fruits pareils à des fraises de braise,
Que les magnolias aux grosses fleurs ont l’air
De se baigner ainsi que des buissons de chair,
Et que les cardinaux au bec criard, s’ils bougent,
Crépitent dans l’air vert comme des flammes rouges...

Vers le soir, un tumulte de cris et de bonds
Fait onduler au loin les cocotiers. Ce sont