Aux ormes qui, bombant leur masse glauque et brune,
Laissent choir doucement leurs feuilles une à une ;
Aux tilleuls d’or, gorgés de soleil, qui se fanent
Mollement en feuillets tièdes et diaphanes ;
Aux platanes ombreux dont les feuilles palmées
Tombent, en tournoyant ainsi que des almées ;
Aux frênes convulsifs dont les rameaux se tordent
Avec un sifflement de verges et de cordes ;
Aux marronniers dont les dômes sombres et graves
Grondent comme la mer sous les nuées qui bavent ;
Aux trembles qui, dans le silence de la plaine,
Grelottent d’une fièvre étenelle et lointaine ;
Aux maigres peupliers qui bordent les usines
Et qu’insulte le rire obscène des machines ;
Aux bouleaux qui, perdus dans les brumes glacées,
Elèvent en pleurant leurs branches enlacées ;
Aux saules qui, le long des rivières, sanglotent
Et dont les cheveux verts dans l’eau jaunâtre flottent ;
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