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LE VENT ET LES FEUILLES MORTES


O fleurs, mourantes fleurs, belles entre les belles,
O fleurs qui dans le bleu matin étincelez,
O sanglotantes fleurs dont les larmes ruissellent
En diamants fondants et rubis étoilés ;
 
Bégonias, béants comme des plaies qui saignent,
Dahlias, dont les fleurs de bruine s’imprègnent,
Pétunias meurtris, lassés, violacés,
Traînant péniblement vos rameaux enlacés ;

Et vous, belles-de-jour, ô frileuses lianes,
Dont les feuilles en cœur et les fleurs diaphanes,
Dans le ruissellement lumineux du matin,
Paraissent implorer la grâce du Destin ;

Et vous, prestigieux et mornes chrysanthèmes,
Qui, résumant le ciel autonmal, empruntez
Au Levant le sang rose et les opales blêmes,
Au Couchant le sang noir et les ors veloutés ;
 
Et vous, lobélias, bleuissant les corbeilles,
Vous, asters violets, qui bourdonnez d’abeilles,
Vous, tournesols, où l’or du soleil resplendit,
Vous, sauges, où son sang écarlate jaillit ;