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L’AME DES SAISONS


Vers l’horizon qui fume et les nuées qui brûlent.
Parfois il en est un qui se soulève encor
Voluptueusement, dans un poudroiement d’or,
Et qui, s’illuminant d’un sourire suprême,
Fleurit sous le ciel bleu comme un lourd chrysanthème.
Mais sitôt que le soir, dans les lointains laiteux,
A fait beugler les bœufs qui rentrent deux à deux,
Le jour découragé s’affaisse sur la plaine
Et se laisse mourir en sanglotant à peine…
Oh ! qui dira l’angoisse et le sourd désespoir
Des jours désabusés qui saignent dans le soir !

En ville, on les plaint moins, — bien que toujours, en somme,
Un peu dujourqui meurt sanglote au cœurde l’homme,
Et l’on va et l’on vient comme par le passé.
Pourtant, d’un air vieillot, lamentable et cassé,
Vers six heures du soir, quand les cheminées fument
Et quand les vitres l’une après l’autre s’allument,
La ville, sous la pluie d’argent des carillons,
Tasse frileusement ses toits et ses pignons
Autour du vieux clocher qui coupe de sa flèche
Les nuages saignants qu’un dragon fauve lèche…
 
Mais, aux champs, le chagrin des jours étreint le cœur,
Et s’il arrive que, le soir, un promeneur