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L'AZUR ET LES LILAS

Et qui ne venez plus gazouiller en mon âme,
Où l’ortie et la ronce étoufferaient vos nids,
O rêves envolés, si blancs, soyez bénis !

En été quelquefois on ouvrait la croisée.
Pendant qu’on expliquait l’Olympe et l’Elysée,
Mon regard se perdait dans les vertiges bleus
Du ciel où floconnaient des papillons neigeux,
Et mon cœur rejoignait les fleurs et le feuillage
Des lilas déferlant par dessus le grillage.
Souvent aussi un chant flûté de rossignol
Arrivait, charrié par la brise et si mol
Qu’il ne faisait plus qu’un avec l’odeur des roses...
Et c’était un concert immense que les choses !
O l’après-midi plein d’azur et de soleil !
O l’église à croix d’or ! O le grand toit vermeil
Où le soleil d’ardoise en ardoise ricoche!
Et parfois, quand tintait un son joyeux de cloche,
Je me figurais voir, en l’azur attiédi,
Le dimanche approchant sourire au samedi...


1894.