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L'AME DES SAISONS


Mais sur la colline il y a des mélèzes,
Tout un bouquet, avec une chapelle à croix de feu,
Une chapelle de briques roses et d’ardoises bleues,
Et j’y cours de ce pas, en vérité bien aise
De dire un peu combien je suis heureux à Dieu...

Puis nous irons avec des lèvres de douceur
Raconter la bonté des choses à nos sœurs ;
Et nous irons avec des mains de charité
Au front des fièvres et des remords convulsés,
Proclamant hautement par les villes moroses
Comment l’Aurore nous advint parmi les roses
Et qu’il ne faut plus maintenant de ces yeux durs
Ni de ces poings crispés contre l’azur
Ni de tous ces hoquets sauvages et impurs,
Et que voici le temps d’être sage et d’avoir
Le front étincelant de divines pensées
Et le cœur parfumé comme un encensoir...

Ah ! mon âme !... elle est joyeuse, elle est légère,
Elle est vraiment comme un oiseau dans la rosée
Et comme une flûte dans la lumière !...


1897.