Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
LE SOLEIL ET LES ROSES


Je suis debout dans l’ivresse
Qui donne le jour aux dieux !
Tandis que mon sein s’oppresse
D’un transport mystérieux,
Le vent titubant qui passe
Avec volupté m’enlace
Et fait claquer dans l’espace
Mes immenses voiles bleus !

Voyez, Seigneur ! Je suis belle !
Ma hanche ardente se tord,
L’aube à mon front étincelle
Comme un diadème d’or,
Ma gorge en feu se soulève,
Dispensant à flots la sève,
Et la vie multiple crève
Les montagnes de mon corps !

Je suis la Mère, la Mère !
Tous ceux-ci sont mes enfants,
Depuis le chêne sévère
Qui morigène les vents
Jusqu’à l’algue au fond de l’onde,
Et depuis l’abeille blonde
Jusqu’au lion roux qui gronde
Dans les antres étouffants.