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LE SOLEIL ET LES ROSES


Il n’est arbre qu’on ne sente
De volupté tressaillir ;
Il n’est ruisseau qui ne chante
Une aubade de soupirs ;
Il n’est herbe ni fleurette
Qui ne tremble et ne projette
Les feux changeants d’une aigrette
De rubis et de saphirs.
 
L’horizon bleuit d’extase ;
Sur tel coteau smaragdin,
Un champ de colzas s’embrase,
Et sur le coteau voisin,
Obus aux feux écarlates
Et aux fumées d’aromates,
Les coquelicots éclatent
Dans les trèfles lie-de-vin.
 
Sur telle colline où fume
L’encens des champs attiédis,
Une chapelle s’allume
De tous ses vitraux, tandis
Qu’avec leurs feuilles, pareilles
A des cœurs qui s’ensoleillent,
Les tilleuls chargés d’abeilles
Bruissent comme en paradis.