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L’AME DES SAISONS

Car, à travers le songe étrange qui les voile,
On voit poindre en ses yeux une lueur d’étoile.
Il est de ceux qui vont, au loin, sur les flots bleus,
Ravir la Toison d’or aux monstres fabuleux.
De son aile de feu, quand la Muse le touche,
Un poème immortel hésite sur sa bouche,
Et son front pur, nimbé d’un éclat singulier,
Appelle le baiser auguste du laurier. »
Il aimait les oiseaux, les fleurs et les fontaines.
Il entendait souvent des musiques lointaines.
Parfois, les yeux mi-clos, il voyait à travers
Les lilas lumineux et le feuillage vert
Ruisselant de soleil et bourdonnant d’abeilles,
S’allonger un pays de songe et de merveilles,
Planté de palmiers d’or et de glaïeuls de feu,
Où l’air subtil tremblait comme l’eau d’un lac bleu,
Où les oiseaux frôlaient des harpes dans les branches,
Où de l’encens fumait parmi les roses blanches,
Où des palais de marbre aux portiques légers
Jaillissaient çà et là des bosquets d’orangers,
Où allaient et venaient des figures étranges,
Des elfes aux cheveux d’émeraude, des anges
Faisant signe et traînant leurs robes dans l’azur,
Et des fées de lumière aux bras calmes et purs,
Et quelquefois, au son de mystiques musiques,