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L’AME DES SAISONS


Laissez-moi reposer dans l’ombre parfumée.
Que l’herbe ait une voix et la source des yeux,
Que tout arbre me soit un ami sérieux,
Que toute fleur me soit une sœur bien-aimée.
 
Laissez-moi reposer, suivant de l’œil au loin
La ligne sinueuse, à travers la lumière,
Des saules bleus et blancs qui bordent la rivière,
Et humant l’air chargé de l’arôme du foin.

Je suis las ; j’ai souffert du cœur et de la tête ;
La vie âpre a broyé la moelle de mes os ;
O Seigneur, permettez cette heure de repos,
Et que la Terre soit maternelle au poète !


1901.