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Schéhérazade était là, devant lui, assise sur la chaise longue ; elle tenait dans ses mains sa tête divine.

Ils se trouvaient seuls, tous deux, il pouvait lui parler ; enfin !

— Madame, dit-il, en mettant un genou en terre, dans un instant on viendra ; laissez-moi donc vous dire que je vous aime et que ma vie vous appartient.

Nulle réponse ne se fit entendre à ces mots prononcés d’une voix passionnée ; la princesse ne bougea pas.

— Madame, reprit-il en suppliant encore, un mot, un geste, par grâce, par pitié ; je ne veux pas vous déplaire, je suis à vos pieds, votre esclave…

Mais elle ne paraissait pas l’avoir entendu, aucune secousse ne faisait tressaillir ce beau corps.

Alors Paul se leva, et, hors de lui, la tête perdue, avec un sentiment où il y avait de l’amour et de la rage, il la saisit violemment par le bras et lui appliqua les lèvres sur les siennes.

Mais il jeta un cri d’horreur : son baiser