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tout ce rouge ; il avait les mains jointes et dans ses doigts tenait un papier plié.

Ce furent des cris d’horreur ; les femmes s’évanouirent, les hommes sortirent le cadavre de sa tombe de satin et le couchèrent sur un divan ; le marquis de R… prit le billet des mains du mort et lut tout haut :

« Pardonnez-moi, Madame, de venir ainsi troubler vos plaisirs, mais il me faut mourir, puisque vous ne pouvez être à moi ; accordez-moi une grâce, faites ma dernière volonté ; toute seule, veillez-moi ; cette nuit entière restez près de votre petit Raoul, qui meurt pour vous avoir trop aimé ! »

— Oh ! oui, s’écria-t-elle en sanglotant et en se jetant à genoux devant le mort, mon pauvre cher Raoul, je passerai seule la nuit en prières près de vous.

Tous s’éloignèrent ; elle revêtit un peignoir sombre, ses gens firent un lit de parade sur lequel fut couché le pauvre amoureux ; on amoncela à ses pieds tous les bouquets de la fête, puis elle resta, les