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sais gré au peintre qui se préoccupe d’abord de la pensée de son œuvre. Le tableau de genre surtout, qui doit être le roman de la peinture, le tableau de genre a une mission intellectuelle trop méconnue. Comme le romancier, le peintre peut contribuer à propager ou a faire disparaître certains principes, certains sentiments. Il peut attirer l’affection ou la désaffection sur certains types et par conséquent sur les idées que ces types représentent ; il peut convertir par le sentiment. Le tableau de genre devrait être un traité de philosophie à l’usage des femmes.

C’est, que les peintres me permettent de le leur dire, c’est ce qui fait la grande supériorité de la littérature sur la peinture. Trop souvent, la peinture se contente d’amuser les yeux. La littérature parle au cœur et à l’esprit, même dans ses petites œuvres. En peinture, il n’y a que les grandes œuvres qui élèvent l’âme ; en littérature, combien de petits romans ont eu une influence immense sur leur siècle !

Et cependant la peinture pourrait se rendre utile aussi : elle pourrait, sans donner la raison des solutions, en donner l’enthousiasme ; elle pourrait mettre devant nos yeux un idéal qui nous conduisit, à travers les montagnes et les fleuves, au