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gère ces qualités au point d’en faire des défauts.

En voulant trop faire silencieux et calme, le peintre a fait sourd et lourd ; en voulant trop concentrer la lumière, il a fait sombre. En visant trop au recueillement, il a presque atteint la pétrification. M. Bonvin nous doit une revanche, et ce n’est certes pas le portrait de M. Octave Feuillet qui peut être accepté pour cette revanche. Les tableaux de M. Charles Marchal, et notamment le Dernier baiser, sont des peintures de moraliste et d’observateur, exactes, serrées, littérairement conçues, dans les données précises du roman de mœurs ou du drame actuel. Si M. Marchal n’était pas un peintre distingué, il serait un excellent romancier de l’école d’Eugène Sue.

Il est impossible de ne pas s’intéresser à cette scène de séparation douloureuse ; car ce n’est pas l’inconduite qui pousse la pauvre mère à se séparer de son enfant ; elle ne le met pas aux Enfants-Trouvés pour cacher le fruit d’une faute ; non, elle se sépare de lui parce que la misère a tari sa mamelle, parce qu’elle ne peut plus le nourrir ; parce que, si elle ne se sépare pas de lui, il mourra, et qu’elle aime mieux mourir de douleur que de laisser mourir son enfant d’inanition.