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Dans les Baigneuses effrayées, M. Antigna, contre son habitude, a cherché la grâce et le charme de la couleur. Son tableau n’est pas sans mérite. Mais combien je lui préfère cette charmante petite toile intitulée le Sommeil de midi ! Une petite fille, étendue sur l’herbe, dort à l’ombre. Rien de plus naïf, de plus souriant et en même temps de plus vrai. C’est une véritable idylle de village. Cela sent l’odeur enivrante des foins coupés. C’est délicieux et complet.

M. Eugène Faure a peint l’Éducation de l’Amour. Debout, sur un tertre de gazon, Vénus montre à son fils comment il doit se servir de ses flèches acérées. C’est une peinture gracieuse, une nudité chaste, tenant du tableau et du bas-relief. La verdure, les fleurs, la blonde lumière, tout indique le printemps, cette douce saison de l’amour. Sans doute le sujet est un lieu-commun : c’est toujours la Vénus éternellement chantée par les poëtes, éternellement décrite par les peintres ; mais l’invention est rare chez nos artistes, et il faut tenir compte à M. Faure du charme qu’il a su donner à sa peinture.

M. Salmon est le peintre ordinaire des dindons. Il affectionne particulièrement ce précieux animal importé de l’Inde par les jésuites, et telle est la