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gieux. On est vivement impressionné à la vue des souffrances infinies du Sauveur qui succombe sous le poids de la croix et des iniquités du monde. Cela ne ressemble pas aux Christs sereins et mélancoliques des peintres classiques, cela n’est pas sentimental et mystique. Mais c’est un tableau qui vous fait comprendre toute l’immensité du dévouement de Jésus, toutes les tortures sans bornes qu’il a souffertes dans sa chair et dans son âme. Voilà vraiment le Sauveur, car il souffre ce que nul mortel n’est capable de souffrir.

Ovide exilé chez les Scythes est encore une de ces toiles qui vous laissent palpitant d’émotion, et qui ne vous permettent de vous rendre compte de vos impressions que lorsque vous avez eu le temps de les calmer, de les apaiser, de réfléchir sur les grandes qualités de la peinture qui les a fait naître.

Le site est à la fois grandiose et sauvage ; il est impossible de rêver une nature plus inculte et des lignes plus belles. La couleur est puissante, la lumière vive, et cependant il règne dans le paysage je ne sais quelle tristesse qui doit se communiquer à l’âme du poëte, ou plutôt qui se communique de l’âme du poëte à la nature. La pose