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ques incorrections, la plupart plutôt apparentes que réelles ; mais ces accidents, qui seraient graves pour un autre, ne sont rien pour Delacroix. Le spectateur ému, frappé, touché, n’analyse pas. On sent le maître partout, et l’on reconnaît dans les passages les plus cavalièrement rendus la science volontaire et dédaigneuse qui a produit les meilleurs morceaux de peinture de notre époque.

Voyez, par exemple, cette merveilleuse Mise au tombeau. Il est impossible de ne pas rester ému et troublé devant cette grande scène empreinte d’une si religieuse terreur. Cette peinture est à la fois passionnée et recueillie. Ce n’est que lorsque vous vous êtes abandonné à l’émotion qui s’est emparée de vous que, revenant sur vos impressions, vous pouvez vous rendre compte de la singulière entente des effets. Vous admirez alors l’harmonie parfaite de l’ensemble, le trouvé des poses, la grandeur de la scène, le rayonnement du corps du Sauveur, la profondeur saisissante de la pose de la Vierge. Cette figure de la Vierge est à peine esquissée, et elle est grandiose, immuable, on dirait, la statue de la Douleur. La Niobé antique est moins émouvante.

La Montée du Calvaire est empreinte aussi d’un sentiment à la fois dramatique, humain et reli-