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les personnages abondaient dans leurs drames émouvants.

M. Gérôme n’a pas la passion du peintre ; la curiosité, l’application, lui tiennent lieu de caractère. Est-il peintre d’histoire ou peintre de genre ? Il est étrusque comme M. Hamon est athénien. On se rappelle les Pierrots, ce tableau si bien compris par le public, et qui n’est qu’un joli sujet de lithographie.

Cependant M. Gérôme a de grandes qualités comme archéologue, son érudition va loin, si loin que le savant tue presque toujours en lui l’artiste.

C’est un continuel parti pris d’archaïsme ; le Roi Candaule en est la preuve. Ce tableau arrête les érudits, les fouilleurs de bouquins, ceux qui préfèrent la poussière noire des livres à la poussière d’or du soleil. C’est une admirable chinoiserie, un superbe travail de laque, dont l’idée ne rend nullement la version de l’historien.

Dans l’Ave Cæsar nous retrouvons les qualités savantes de l’artiste, mais nous retrouvons aussi cette continuelle préoccupation forcée du contour, cette absence complète de coloris, de charme, de morbidesse dans les chairs toujours dures et tendues ; on voit que l’artiste approche du style, mais qu’il fait de vains efforts pour l’atteindre.