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voyons ; seulement les conjurés, massés dans le fond, s’agitaient sombres et farouches.

Le tableau terminé, M. Gérôme le fait photographier, habitude assez générale chez les artistes. Grande est sa surprise, la photographie lui donne un autre effet : elle a laissé les conjurés dans l’ombre, elle éclaire admirablement le corps de César.

M. Gérôme se remet à peindre, plein d’enthousiasme, et sûr de faire un chef-d’œuvre. Ce second tableau, qu’il voit dans son inspiration d’artiste, sera pour le Salon ; il ne mettra plus de conjurés, son César sera seul, seul étendu sur le carreau n’ayant pour témoins qu’un trépied.

Hélas ! cette photographie, que, le ciel semblait lui avoir envoyée dans un moment de découragement, le trompait cruellement, M. Gérôme doit maintenant s’en apercevoir.

Nous eussions désiré savoir comment était mort le plus grand homme de l’histoire païenne, il fallait nous montrer cette tête sur laquelle le génie devait avoir imprimé sa puissante empreinte, il fallait nous émouvoir par la douleur qui devait être encore peinte sur ce noble visage en recevant le coup mortel de la main de celui qu’il avait le plus aimé. Nous eussions dû voir la résignation de la noble victime, quelque chose de la lutte