Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 10 —

ner du dédain ou de la légèreté du public ? Cet océan de dorures et de couleurs, cet assemblage de choses discordantes, cet immense arlequin artistique l’énerve, le fatigue, disperse son attention, et sa mauvaise humeur tombe, peut-être assez naturellement, sur l’artiste.

La sculpture est encore plus maltraitée que la peinture ; elle devient l’ornement des jardins, elle émaille le gazon, elle a beau présenter ses faces de ronde-bosse, on ne peut tourner autour.

Que dirait Benvenuto Cellini ?

Que devient son plus naïf argument ?

« Qu’est-ce que la peinture ? disait-il. Parlez-moi de la sculpture, au moins on tourne autour. »

Sur ce, chers lecteurs, j’ai fini mon court avant-propos, j’accepte le bras que vous m’offrez si gracieusement, et nous faisons notre entrée au Salon.