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tique et d’émouvant malgré les étoffes, puisque la tête, les jambes et les bras sont seuls nus. Le mouvement général se suit d’un bout à l’autre et le corps se retrouve toujours lorsque l’œil le cherche sous la draperie.

La Sapho est moins complète que la Zingara, C’est cependant encore une excellente statue, pleine de passion, de tristesse ardente, d’amoureuse expression. La tête est bien douloureusement pensive, bien affligée par l’amer chagrin de l’amour méconnu.

M. Clesinger n’est pas de ces sculpteurs timides qui craignent de troubler la beauté des traits par l’expression de la joie ou de la douleur ; cependant il a l’habitude de représenter la passion plutôt dans le mouvement du corps que dans la signification de la physionomie. Il est loin d’être spiritualiste ; c’est au contraire un matérialiste bien caractérisé, qui fait toujours prédominer le corps sur le reste de la tête. Dans sa Sapho, il a manqué à ses habitudes, et la tête de la poétesse antique est pleine d’une expression de douleur très-bien rendue.

Les bustes exposés par M. Clesinger sont également fort intéressants, et on peut y suivre tous les progrès que cet artiste a faits pendant son sé-