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et compléter la brise, comme si la rivière respirait un peu plus fort, comme si les étoiles haussaient la voix.

Si dans le paysage nocturne où l’on ne doit pas voir le rossignol, mais l’entendre avec l’œil, le peintre tendit à introduite quelque auditeur, il fallait coucher dans l’ombre une seule figure, une figure de jeune fille, inquiète, effarée, interrogeant la nuit, interrogeant son cœur, comme un de ces livres d’amour furtivement entr’ouverts… sondant son âme et le ciel pour y trouver de douces émotions, des sentiments qu’elle ignore encore ! Bois, jeune fille, cette rosée de l’âme, bois l’amour, bois la vie… tout à coup, au milieu du silence et des douceurs de la nuit, le rossignol chante. Ces accents pénétrants de jeunesse et d’amour l’envahissent tout entière, elle comprend, elle vit, elle aime !… Ah ! c’est un grand séducteur que le rossignol ; on parle de romans… lequel est aussi dangereux que ce poëme de la nature : la solitude, la jeunesse, la nuit, les arbres, l’air pur, le chant du rossignol et le souvenir du jeune homme blond qui a rougi en vous regardant passer ce matin.

Après tout, peut-être, vaut-il mieux, comme le croit M. Compte-Calix, causer de l’opéra nouveau