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dernes ; le tableau de Troiyion, fit-il en exagérant ce nom dont il avait plein la bouche.

— Vraiment ?

— Oui, mon vieux ! quarante mille francs ! il vaut quarante mille francs ce tableau de Troiyion, quarante mille francs !

— Et je n’ai donc pas fait de trifouillages ?

— Allons donc ! Je ne savais pas ce que je disais… Mais que veux-tu… alors personne ne le connaissait…

— Tandis qu’aujourd’hui…

— Aujourd’hui il a fait fortune.

En effet, aujourd’hui Troyon est arrivé à être le premier des peintres d’animaux, bien qu’il ne soit pas aussi étudié, aussi sincère de forme que Rosa Bonheur. Mais on aime sa peinture robuste et saine, sa couleur vigoureuse, l’air qui circule dans ses paysages, son aspect clair, sa touche ferme, la conscience avec laquelle l’impression est rendue, toutes ces grandes qualités qui font oublier que l’on voudrait parfois un peu plus de distinction dans le ton, un peu plus de correction dans le dessin.

Au Salon, il y a les paysages paysans, ceux qui sentent le foin coupé, comme ceux de M. Troyon. Il y a aussi les paysages qu’adorent les gens du