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toutes les questions d’art. Un jour M. Bonte-Pollet entre chez Jeanron : c’était pendant l’exposition.

— Bonjour, lui dit-il. Ton ministre me donne à choisir à l’exposition un tableau de 4,000 francs, je m’en rapporte à toi ; tu vas me choisir cela.

— Je vous le choisirai, dit M. Jeanron.

M. Jeanron examina et choisit le tableau de Troyon. Il ne connaissait pas l’artiste particulièrement : le désir de lui être agréable plutôt qu’à un autre n’entra pour rien dans son choix. Il se décida tout simplement en sa faveur parce que son grand paysage lui avait paru très-beau. Le tableau fut acheté et payé.

À quelques jours de là, M. Bonte-Pollet monte chez M. Jeanron. Il arrive tout essoufflé d’avoir escaladé les quatre étages ; il entre, s’assied, prend la pose du portrait de M. Bertin de Vaux, fronce le sourcil et s’écrie :

— Sais-tu que tu m’as joué un vilain tour ?

— Comment cela ?

— C’est très-mal, entends-tu ! et je ne m’attendais pas à cela de ta part.

— Mais de quoi s’agit-il ?

— Tiens, vois-tu, veux-tu que je te le dise ? tu as fait du triffouillage. Ah ! c’est indigne !