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de pensées élevées : Le catholicisme aura été pour la peinture ce que la mythologie a été pour la sculpture antique.

Après avoir été divine la peinture se fait humaine. L’homme a pris la place de ses Dieux ! Notre époque positive veut un art positif : l’imagination baisse ; — on est en mal d’idéal ! Et le vent du siècle souffle ailleurs…

Quelle pauvreté dans cette galerie des peintures d’église ! Quelle imagerie insignifiante, plate et poncive. Comme on voit bien que les tableaux de religion se font avec des personnages connus, à barbes rousses, vêtus de manteaux bleu Thénard, bleu d’outre-mer, bleu du lac de Genève, bleu comme le soufre qui s’allume, bleu à faire verdir le ciel pur sur le sommet des Alpes ; de robes rouges à mettre en fureur tous les bœufs de l’univers, d’écarlate dûment plaqué, de jaune en délire. Il faut savoir gré à M. Signol de ne pas tomber dans ces exaspérations de couleurs crues et de nous montrer des tableaux pleins de réserve, modérés dans la forme, de tons tranquilles et d’une assez belle ordonnance ; le Saint Vincent de Paul de M. Loyer se distingue par des qualités réelles : de l’étude, du sentiment, des modèles bien choisis, des expressions vraies. Il faut re-