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réellement que la Marguerite au rouet. Pourquoi a-t-il révélé Marguerite ? C’est qu’elle est seule, qu’on n’y voit ni Faust ni Méphisto, c’est qu’enfin on y est loin de ce ricanement qui est insupportable. Cette réussite complète de la Marguerite au rouet prouve tout ce que je viens de dire.

Je ne m’étends pas davantage sur l’exposition d’Ary Scheffer ; je retourne au Salon. Je me borne à ajouter que j’ai beaucoup admiré le portrait de Mme Guizot, celui de Mme Scheffer, la Françoise de Rimini, et Mignon regrettant sa patrie.

Permettez-moi de ne rien dire des peintres de batailles. Je ne veux pas faire de fausse sensiblerie ; les récits de combats m’émeuvent beaucoup ! je lis avidement les bulletins de victoire ; je ne connais rien d’émouvant, d’attachant, de beau, comme le récit de la première campagne d’Italie, par M. Thiers ; mais j’ai horreur de la bataille peinte. En fait de batailles, je suis de l’avis des tragiques classiques : il faut les éloigner des yeux et les mettre en récit. Je ne puis voir tout ce tapage silencieux, tout ce mouvement immobile, tous ces gens qui courent sans changer de place, tous ces blessés qui tombent éternellement, ces baïonnettes éternellement suspendues sur des poitrines, toute cette fougue qui pose, toute cette fu-